Imprimer

DEMARTRES, Gustave

 

Né le 18 mai 1848
Décédé à Lille le 11 juillet 1919

 

 

Extrait de L'Enseignement Mathématique, 20 (1918), p. 450-451

« Demartres était, à proprement parler, le fils de ses œuvres : professeur de collège, déplacé d'un bout de la France à l'autre, seul et sans autre maître que les livres, il est reçu à la licence de mathématiques. Il demande un congé, vient suivre à Paris les cours de la Sorbonne, où il a comme condisciples Paul Appell et Émile Picard. Les cours de Darboux développent chez Demartres le goût de la géométrie ; une fois reçu à l'agrégation, professeur au lycée de Rennes et chargé de conférences à la Faculté des Sciences, il fait une thèse remarquée de géométrie infinitésimale. Il est un an chargé du cours de mécanique rationnelle à la Faculté des Sciences de Montpellier, et le 1er novembre 1886 arrive à la Faculté des Sciences de Lille comme chargé du cours de Calcul différentiel et intégral. Il remplaça M. Boussinesq dans la chaire de Calcul différentiel et intégral le 1er mars 1888 ; il vient d'y mourir, après avoir enseigné presque jusqu'à son dernier jour.
Par son labeur solitaire et acharné, il avait acquis une profonde érudition, il l'a entetenue constamment ; il mettait une certaine coquetterie à se tenir au courant des publications les plus récentes, des nouvelles richesses du domaine mathématique, dont il augmentait lui-même le patrimoine. Il apportait à ses études et à ses travaux un esprit fin et délicat, un souci continuel de la beauté et de l'élégance, qu'il recherchait toujours dans l'expression de ses pensées, amoureux des belles phrases et du bon français.
Professeur éminent, « il a formé des élèves nombreux et enthousiastes », a dit M. Appell. Son érudition, sa remarquable mémoire lui permettaient de faire des leçons sans notes, dans une langue châtiée et harmonieuse. A sa suite, ses auditeurs apprenaient à admirer et à aimer les mathématiques. Il avait écrit pour eux un "Cours d'analyse" qui resta un  temps le seul cours complet de cet ordre, et fut répandu dans toute la France parmi les étudiants de la licence mathématique. On n'en trouve plus maintenant de polycopies : par excès de modestie, il n'avait pas voulu le laisser imprimer. Puis, pendant de longues années, il avait apporté tous ses soins à écrire avec amour, à retoucher jusqu'au dernier moment son "Cours de géométrie infinitésimale", qui a paru quelque temps avant la guerre, et dont le succès est déjà grand.
Demartres avait l'amour et la fierté de son métier. Il fut quelques années doyen de la Faculté des Sciences de Lille. Mêlé intimement à la vie de notre Université, il a contribué pour beaucoup à son développement. Il a été en France l'un des partisans les plus ardents et l'un des créateurs des cours de Mathématiques générales, dont l'utilité n'est plus à démontrer maintenant. »

Ses collègues.


Affichage par page
Trier par
Référence: 324

rouge.jpg

La Géométrie infinitésimale, dotée à Paris d'une chaire magistrale, est enseignée dans plusieurs Universités des départements ; à Lille notamment, M. Demartres, donne depuis de longues années un enseignement de Géométrie, très original et très personnel, dans lequel il a formé des disciples nombreux et enthousiastes. Cet enseignement, quoique très élevé, peut être considéré comme une sorte d'introduction aux hautes recherches que M. Darboux a exposées successivement dans son Cours et qu'il a résumées dans son beau Traité*.
Sans doute, depuis la création des certificats d'études supérieures, l'accroissement des programmes d'Analyse a donné lieu a une extension notable, quoique insuffisante, des applications géométriques ; mais l'ordre où dans les Traités d'Analyse, ces notions sont présentées est, non leur ordre logique et nécessaire tel qu'il résulte des définitions géométriques, mais l'ordre des théories analytiques auxquelles elles servent d'application ; c'est ainsi, pour ne prendre qu'un exemple, que la définition des lignes géodésiques, qui devrait logiquement être donnée dès le début de la théorie des surfaces, est rejetée le plus souvent au Chapitre où l'on traite du calcul des variations.
M. Demartres a cherché à combler ces lacunes, à remédier à ces imperfections, en rédigeant, dans l'ordre logique, le développement des questions qui forment le fond essentiel du certificat de Géométrie supérieure. Il a réussi, tout en conservant à ce Cours une forme relativement élémentaire à le conduire assez loin pour que ses lecteurs puissent ensuite aborder l'étude des Mémoiree originaux.

Paul APPELL, Préface

* Gaston DARBOUX, Leçons sur la théorie générale des surfaces, Reprint Jacques Gabay, 1993

69,00 *
*

-5%