Né le 3 mai 1860 à
Ancône, Italie
Décédé le 11 octobre 1940 à Rome
Mathématicien italien
Extrait de l’Abrégé d'histoire des mathématiques, t. II, sous la direction de Jean Dieudonné, Hermann, 1978
« Né à Ancône
(Italie), Volterra passa une grande partie de sa jeunesse à Florence. Sans
moyens, il fut nommé assistant à l'Université de Florence avant d'y être
inscrit.
En 1880, il étudia
mathématiques et physique à Pise. Il les enseigna ensuite aux Universités de
Pise (1883-1892), de Turin (1892-1900) et de Rome (1900-1931).
Volterra combattit
la montée du fascisme en Italie dès 1922 et, en 1931, il fut exclu de
l'Université.
Il était président de l'Accademia dei Lincei. »
Extrait de la Communication lue par Émile Picard à
l'Académie des Sciences le 21 octobre 1940
« Vous venez,
Messieurs, d'apprendre le décès de notre Associé étranger, M. Vito Volterra,
survenu à Rome le 11 octobre dernier. Il était né à Ancône le 3 mai 1860, et il
fit ses études à Florence d'abord, et ensuite à Pise.
Admis en 1880 à
l'École Normale Supérieure de Pise, il fut ensuite successivement nommé
Professeur à l'Université de cette ville et à l'Université de Turin. En 1900,
il succède à Beltrami dans la chaire de Physique mathématique de l'Université
de Rome, qu'il occupa jusqu'en 1931.
L'oeuvre scientifique de Volterra est considérable, portant sur l'Analyse
mathématique, sur la Mécanique et la Physique mathématique. Ses premiers
travaux sur la déformation des surfaces flexibles et inextensibles, sur les
figures électro-chimiques, sur certaines classes d'équations différentielles
témoignaient déjà d'un esprit original. De bonne heure aussi son attention se
porta sur la théorie des fonctions qui, prise dans toute sa généralité,
constitue une partie essentielle de l'Analyse.
Une contribution importante de Volterra dans ce domaine fut d'abord l'étude des
fonctions de lignes, qui se rencontrent notamment dans le Calcul des
variations. On les trouve aussi en Physique; ainsi l'énergie d'un courant
électrique dans un fil métallique qui peut se déplacer et se déformer dans un
champ magnétique est une fonction de ligne. Il semble que Volterra rencontra
d'abord des fonctions de lignes dans son Mémoire
sur une généralisation de la théorie des fonctions d'une variable imaginaire.
L'étude d'une fonction de ligne revient à l'étude d'une fonction d'une infinité
de variables indépendantes. Volterra définit sa dérivation et calcule sa
variation première. Les difficultés qui se présentent dans l'étude analytique
d'un tel être mathématique furent surmontées par Volterra au moyen de la
méthode du passage du fini à l'infini, qui fut le classique procédé de
l'analyse infinitésimale. Volterra, dans un de ses ouvrages, appelle ce procédé
le passage du discontinu au continu.
Ce même procédé, dont l'application n'est pas toujours facile, fut appliqué par
Volterra dès ses premiers travaux sur les équations intégrales et sur les
équations intégro-différentielles. Dans une équation intégrale la fonction
inconnue (à l'exclusion de ses dérivées) figure sous le signe d'intégration, et
dans une équation intégro-différentielle les. dérivées de la fonction y
figurent aussi. Les équations célèbres de Fredholm avec des limites constantes
pour l'intégrale qui y figure, et celles de Volterra avec des limites variables
sont des équations intégrales qui se rencontrent dans un grand nombre de
questions d'Analyse et de Physique mathématiques. Ces équations sont linéaires.
Le cas des équations non linéaires est beaucoup plus difficile; Volterra a
obtenu à leur sujet des résultats d'un très grand intérêt.
Parmi les nombreux mémoires de mécanique que l'on doit à Volterra, signalons
son travail sur les corps élastiques à connexion multiple. Il y a pour ces
corps des cas d'équilibre qui ne se présentent pas pour les corps à connexion
simple. Un corps élastique multiplement connexe, à déformations régulières,
peut garder la déformation, étant en équilibre sans l'action de forces
extérieures. On obtient ces états d'équilibre par des déformations que Volterra
appelle des distorsions.
Soucieux surtout des applications, Volterra conserve cependant le souci d'une
grande rigueur dans les questions où la nature des fonctions envisagées peut
jouer un rôle. Ses études sur l'inversion des intégrales définies le
conduisirent à reprendre la question de l'impossibilité de la stratification
d'une masse fluide en rotation uniforme, formée de couches ellipsoïdales
homothétiques et concentriques avec le minimum d'hypothèses sur la loi de la
densité des couches. Le théorème sur l'impossibilité est cependant exact, mais
la démonstration était à compléter; c'est ce que fit Volterra.
Que de travaux on pourrait encore citer dans l'oeuvre de notre Confrère. tel
son Mémoire sur la variation des
latitudes, où il est porté à attribuer une
importance dans cette variation, non seulement à des causes qui altèrent
la distribution des masses et changent les moments d'inertie, mais aussi à des
mouvements de caractère cyclique ayant lieu à la surface du Globe, qui, sans
changer sensiblement les axes et les moments d'inertie ainsi que la
distribution des masses, peuvent exercer une action sur le déplacement des
pôles. Ce sont, entre autres, les courants marins constants, les courants
atmosphériques, les courants des eaux des fleuves jusqu'à la mer qui ne
modifient pas sensiblement la distribution des masses et la forme de la Terre.
Je n'ai pas encore parlé d'une partie de l'oeuvre de Volterra, à laquelle il
attachait une grande importance. Dans a
Mécanique classique, la recherche du mouvement d'un système revient à
l'intégration d'équations différentielles ordinaires, et, quand on connaît à un
instant les valeurs de certaines grandeurs relatives à une position du système
ainsi que celles de leurs dérivées premières, il est possible de prévoir le
mouvement ultérieur Or il peut en être autrement, et il est des cas où il faut
connaître l'histoire antérieure d'un phénomène pour être en mesure de prévoir
son avenir. C'est ce que montrent les phénomènes d'hystérésis en magnétisme et
les métallurgistes savent bien qu'il faut connaître l'histoire antérieure d'un
métal pour prévoir ce qu'il deviendra. C'est à cette Mécanique, que l'on a
appelée héréditaire, que Volterra a consacré un grand effort depuis de longues
années. L'introduction de coefficients d'hérédité dans l'étude analytique du
phénomène est alors indispensable, et les équations prennent une forme beaucoup
plus compliquée. Il y a sans doute pour l'établissement de ces équation des
hypothèses à faire, mais c'est là le lot de toutes nos théories, qui ne sont
que des moules analytiques ou géométriques, dans lesquels nous cherchons à
enfermer, au moins pour un temps, une réalité qui nous échappera peut-être
toujours. Volterra s'est occupé d'abord de la théorie héréditaire de
l'élasticité, et il a formé les équations intégro-différentielles auxquelles
elle conduit. L'étude de l'hérédité dans les phénomènes de la vie ne tarda pas
alors à s'imposer, et Volterra consacra de nombreuses études à l'application
des mathématiques aux sciences biologiques. Il établit, en particulier, une
théorie mathématique de la lutte pour la vie chez certaines espèces vivant
ensemble, parvenant, pour les fluctuations des nombres respectifs des individus
de ces espèces, à des résultats en accord avec les données statistiques
fournies par certains poissons vivant en Méditerranée, et avec des recherches
de laboratoire sur les insectes et les protozoaires.
Volterra a fait sur ses travaux de nombreux cours et conférences, tant en
Europe qu'en Amérique. Quelques-uns de ces cours ont été publiés, notamment son
cours professé à la Sorbonne en 1913 sur les Fonctions de lignes et ses leçons de 1931 sur la Lutte pour la vie faites aussi à l'Université de Paris.
Volterra avait été élu Correspondant de notre Académie en 1904, et il devint
Associé étranger en 1917. Nous avons eu souvent le plaisir de le voir à nos
séances pendant les séjours qu'il faisait à Paris où l'appelait la présidence,
qui lui avait été confiée, du Comité du Bureau International des Poids et
Mesures.
L'oeuvre si variée et si profonde de notre illustre Confrère lui assure un rang
élevé parmi les savants de notre temps. »
Principaux ouvrages en français :
- Leçons sur l'intégration des équations
différentielles aux dérivées partielles, 1912
- Leçons sur les équations intégrales et les équations intégro-différentielles, 1913
- Leçons sur les fonctions de lignes, 1913
- (avec Joseph Pérès) Leçons sur la composition et les fonctions permutables, 1924
- Leçons sur la théorie mathématique de la lutte pour la vie, 1931
- (avec Umberto d'Ancona) Les
associations biologiques au point de vue mathématique, 1935
- (avec Joseph Pérès) Théorie
générale des fonctionnelles, Tome I (seul paru) : Généralités sur les fonctionnelles. Théorie des équations intégrales,
1936
- Rotation des corps dans lesquels
existent des mouvements internes, 1938
- (avec Bohuslav Hostinsky) Opérations
infinitésimales linéaires, 1938
Référence: 320
Mes premières études sur les fonctions qui dépendent d'autres fonctions et les fonctions de lignes, ou d'un nombre infini et continu de variables, remontent à l'année 1883. Je suis parti du calcul des variations. Mais je n'ai publié des travaux d'une manière systématique sur ce sujet qu'à partir de 1887. Cependant, en 1884, j'ai communiqué une Note à l'Académie des Lincei où j'ai relié au calcul des variations les équations intégrales à noyau symétrique. |
38,00 €
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Référence: 322
Les nouvelles équations fonctionnelles que M. Vito Volterra a, le premier, considérées et qu'il a dénommées équations intégro-différentielles aux dérivées partielles (1), sont susceptibles de jouer un rôle de la plus haute importance, ainsi que l'a fait voir l'illustre géomètre, en Mécanique et en Physique Mathématique. (1) Vito VOLTERRA : Leçons sur les fonctions de lignes, 1913
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50,00 €
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Référence: 066
Au cours de l'hiver 1928-1929, M. Émile Borel et la Direction du nouvel Institut Henri Poincaré me firent le grand honneur de me demander quelques conférences. Je choisis comme sujet la théorie mathématique des fluctuations biologiques. Le présent ouvrage a le titre même de ces conférences : Théorie mathématique de la lutte pour la Vie. |
35,00 €
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Référence: 323
Les théories développées dans cet Ouvrage avaient déjà été abordées dans deux volumes précédemment parus de cette collection : mes Leçons sur les équations intégrales et les équations intégro-différentielles, et mes Leçons sur les fonctions de lignes. |
42,00 €
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