Né le 25 mars 1862
à Paris
Décédé le 23 septembre 1938 au Havre
Mathématicien français
Discours de Maurice de Broglie le 26 septembre 1938
Maurice d'Ocagne,
membre de l'Académie des Sciences, professeur de géométrie à l'École
Polytechnique, ancien professeur à l'École des Ponts et Chaussées appartenait à
une ancienne famille normande dont on peut suivre la trace depuis le 15e siècle
et représentait la cinquième génération d'une branche fixée à Paris.
Entré à l'École
Polytechnique en 1880, il en sortit dans le corps des Ponts et Chaussées; bien
que ses travaux et ses recherches l'aient entraîné plus tard dans une voie plus
abstraite, on peut toujours retrouver, dans les tendances de son esprit, le
reflet des connaissances techniques qu'il acquit pendant cette partie de son
existence chez lui, le mathématicien n'avait pas étouffé l'ingénieur.
De 1886 à 1889,
détaché à la Marine militaire à Rochefort, puis à Cherbourg, il collabora à
l'étude des nombreux travaux d'art que comportent les grands arsenaux maritimes,
tant au point de vue des bassins et des travaux hydrauliques qu'à celui de
l'organisation militaire des défenses fixes.
Mais, passant
ensuite aux services des Ponts et Chaussées de la région Parisienne, il s'est
consacré exclusivement à l'enseignement et à des services spéciaux de l'ordre
le plus élevé, sans cesser d'appartenir aux cadres dont il devait atteindre les
suprêmes échelons.
Collaborateur de M.
Lallemand, qu'il devait plus tard rejoindre à l'Académie des sciences, il
devint son adjoint au service du nivellement et fut bientôt lui-même, directeur
du service des cartes et plans et des instruments de précision des Ponts et
Chaussées, poste qu'il conserva jusqu'à sa retraite qu'il prit il y a dix ans
comme Inspecteur Général.
A cette carrière administrative,
déjà suffisante pour lui assurer un rang éminent dans l'ordre de la plus haute
culture scientifique, il ajouta une carrière de professeur et de savant qui
devait jeter un vif éclat sur son nom.
Joseph Bertrand,
avait distingué de bonne heure les qualités de son esprit en provoquant son
entrée dans le cadre professoral de l'École Polytechnique; il y fut bientôt
chargé d'un des enseignements les plus importants, celui de la Géométrie.
Ce n'étaient pas
seulement ses travaux professionnels de géodésie qui le désignèrent pour ce
poste, mais surtout des recherches de mathématiques pures, un très grand nombre
de notes ayant trait à l'algèbre supérieure, à l'étude des courbes et surfaces
algébriques et aux transformations géométriques ; M. d'Ocagne en particulier
avait été très intéressé
par les divers systèmes de coordonnées aptes à représenter les éléments d'un
problème et en avait approfondi la théorie d'une façon remarquable ; son cours
fait également une large place à la géométrie synthétique et aux propriétés
infinitésimales des figures.
Son nom restera
attaché à un corps de doctrine qui lui doit une grande partie de sa substance;
c'est la nomographie, qui comprend l'ensemble des modes de représentations
graphiques avec leur application aux problèmes pratiques, science qui s'est
révélée extrêmement importante dans presque tous les domaines. Dans ce même
ordre d'idée l'étude, la classification, on pourrait presque dire l'anatomie
comparée des machines à calculer ont reçu de M. d'Ocagne une impulsion qu'il
était presque seul à pouvoir leur donner.
M. d'Ocagne n'était
pas seulement un grand mathématicien, un grand professeur et un ingénieur
remarquable, la clarté de sa pensée, la beauté de l'expression qu'il savait lui
donner, les qualités d'orateur qui le faisaient écouter partout venaient
compléter la grande figure qu'il laissera derrière lui. Docteur honoris causa
et membre d'un grand nombre de sociétés étrangères, ancien président de la
Société Mathématique de France, membre de l'Académie des sciences depuis 1922,
il était aussi conférencier, écrivain, vice-président du Cercle de l'Union
artistique où il ne comptait que des sympathies. Homme de Foi et de Tradition,
c'est un français de grande classe qui disparaît au moment où notre pays va
peut-être avoir besoin de tous ses enfants. Je viens, au nom de l'Académie des
Sciences, apporter à Madame d'Ocagne, à sa famille et à ses amis, l'expression
de notre douleur la plus profonde et la plus sincère.
Référence: 103
ARTICLES : I-20 : CALCUL DES PROBABILITÉS I-21 : CALCUL DES DIFFÉRENCES ET INTERPOLATION I-22 : THÉORIE DES ERREURS I-23 : CALCULS NUMÉRIQUES I-24 : STATISTIQUE I-25 : TECHNIQUE DE L'ASSURANCE SUR LA VIE I-26 : ÉCONOMIE MATHÉMATIQUE * * La fin de l'article n'a pas été publiée en raison de la guerre. |
67,00 €
*
|
|
-5%