Né le 23 avril 1858
à Kiel, Allemagne
Décédé le 4 octobre 1947à Göttingen, Allemagne
Extrait de l’article PLANCK (Max), par Maurice Daumas,
Dictionnaire des biographies, PUF,
1958
« Le physicien allemand qui devait provoquer l'une
des plus grandes révolutions qui se soit produite dans l'histoire des sciences
naquit le 23 avril 1856 à Kiel.
Il se fit remarquer dès l'age de 21 ans par une thèse de doctorat sur le second
principe de la thermodynamique et, pendant toute sa carrière, il devait
s'efforcer d'élargir et d'éclairer les notions fondamentales de cette science
dont on ne comprenait pas encore parfaitement la portée. En particulier il mit
en évidence l'importance de la notion d'entropie qu'il plaça au centre de ses
préoccupations.
En 1889, après avoir enseigné à Kiel, il reçut la chaire de physique théorique
de l'université de Berlin où il succéda à Kirchhoff. Sa connaissance
approfondie des théories statistiques des états gazeux et des premiers
développements de l'électronique introduits par Lorentz, l'avait préparé
à considérer avec un esprit novateur l'un des problèmes sur lequel venaient
achopper les théories classiques de la physique. A la fin du XIXe
siècle, la science était profondément déterministe à la suite des succès qui
avaient couronné tous ses efforts pour donner une interprétation des phénomènes
naturels. La mécanique semblait pouvoir continuer à rendre compte des
mouvements des particules et des vibrations à l'échelle de l'atome.
L'interprétation des équations de Maxwell par l'existence d'un éther
électromagnétique allait conduire à une connaissance intime de la matière et
assurer à la science la maîtrise absolue des phénomènes physiques.
Une difficulté arrêtait vers 1900 les physiciens qui s'efforçaient de trouver
les lois du rayonnement d'un corps noir. Ce problème consistait en la théorie
du rayonnement établi à l'état d'équilibre à l'intérieur d'une enceinte fermée
maintenue à une température rigoureusement uniforme. Les courbes expérimentales
représentant la distribution dans le spectre ne coïncidaient pas avec les
études analytiques des mathématiciens. On savait que ce rayonnement est lié
uniquement à la température du corps noir, et non à sa nature. Boltzmann
avait montré en 1884 que l'énergie est fonction de la quatrième puissance de la
température. Mais il s'avérait impossible de trouver une fonction générale
donnant la répartition de l'énergie dans le spectre, c'est-à-dire liant
l'intensité à la température et à la longueur d'onde. Une formule établie par
Wien s'appliquait aux petites longueurs d'onde, une autre de Rayleigh et Jeans
aux grandes ; la seconde de ces lois conduisait à conclure que l'énergie totale
du rayonnement noir serait infinie? Bien que sérieuse, cette difficulté
n'apparaissait que partielle. Et même lorsque Planck l'eut réduite, en
introduisant la constante qui porte son nom, le physicien allemand ne pensait
pas que son initiative entraînerait une réforme complète des conceptions
générales du monde physique.
Max Planck se servit de la notion d'entropie pour élaborer une loi empirique
représentant un compromis entre les deux lois connues. Il présenta cette
première solution au cours de l'année 1900 à la Société physique de Berlin.
Puis il s'efforça de la compléter par une interprétation théorique : c'est
alors que lui apparut la nécessité de rompre avec la notion de la continuité de
l'énergie. Planck introduisit l'idée qu'une charge électrique animée d'un
mouvement périodique d'une fréquence donnée ne peut admettre ou absorber
l'énergie radiante d'une façon continue, mais par quantités finies. Il
détermina la valeur de ces quantités d'énergie en multipliant la fréquence du
mouvement périodique par une constante, h, dont il donna la définition. Cette
constante qui correspond à ce que les mécaniciens appellent une action, est
considérée comme l'unité d'action, ou quantum d'action. Elle est exprimée par
une fraction d'erg./sec. dont le dénominateur est égal à 10 suivi de 26 zéros.
L'initiative de Planck ouvrit à la physique mathématique un domaine nouveau et
fécond connu sous le nom de théorie des quanta. La première application en fut
faite par Einstein dès 1905 pour interpréter l'effet photoélectrique et
conduisit à la notion de photon. En 1913 Niels Bohr l'utilisa pour
rendre compte de la structure des atomes ; le quantum d'action joue un rôle
irremplaçable dans toutes les théories modernes de l'atomistique, qui a fait au
cours de la première moitié du XXe siècle des progrès considérables.
Planck n'a pas toujours approuvé l'utilisation de la constante h, en particulier il s'est montré très
réservé sur les interprétations statistiques et probablement des états
ondulatoires de la matière et n'a jamais admis les conceptions indéterministes
qui ont semblé pendant plusieurs années devoir être les conclusions rigoureuses
de la nouvelle microphysique.
Il a poursuivi, pendant les premières années du siècle beaucoup de travaux
relatifs à la théorie des quanta et a donné vers 1910, à la suite des premiers
travaux d'Einstein, des études sur l'aspect relativiste de la
thermodynamique.
A partir de 1912, il fut secrétaire perpétuel de l'Académie des Sciences de
Berlin ; en 1918, il reçut le Prix Nobel de Physique.
Fortement éprouvé par les deux guerres mondiales, par des deuils et par la
perte de tous ses biens, il ralentit considérablement son activité
scientifique. Évacué à Göttingen en 1945, il est mort dans cette ville le 4
octobre 1947. »
Référence: 278
A reparaître Comme, de toutes les lois de la physique, aucune n'est aussi universelle et en même temps aussi claire que le principe de l'énergie, j'ai une fois de plus placé ce principe au premier plan. Cela a entraîné l'avantage supplémentaire que l'introduction des divers systèmes d'unités électriques et magnétiques, qui se basent tous sur le principe de l'énergie, est venue d'elle-même. C'est aussi dans l'intérêt de l'intuitivité qu'on a insisté sur les analogies formelles des vecteurs électrique et magnétique, malgré que celles-ci soient d'une nature plutôt artificielle et ne correspondent au fond, tout comme les analogies entre la translation et la rotation, qu'à cette circonstance en quelque sorte accidentelle que notre espace possède justement trois dimensions. Mais de même qu'il est certain que ces analogies ont joué, dans le développement historique de la théorie de Maxwell, un rôle de premier plan, de même on ne peut pas méconnaître qu'elle ne soit, aujourd'hui encore, très commode pour l'introduction dans la théorie et qu'elle fournit dans chaque cas d'utiles règles mnémotechniques. A cela est lié le fait que j'ai utilisé partout le système d'unités dit de Gauss, qui se distingue, parmi les systèmes rationnels ordinairement utilisés dans la littérature théorique, par une parenté plus grande avec les systèmes pratiques. On trouvera à la fin de l'ouvrage un tableau synoptique des divers systèmes et des relations entre les valeurs numériques de certaines grandeurs mesurées dans ces systèmes.
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Référence: 303
A reparaître L'hypothèse des quanta exige seulement que dans les lois élémentaires régissant les forces atomiques, il existe implicitement certaines discontinuités qui auront ensuite pour conséquence les régions discontinues de probabilité. Quant à la nature de ces discontinuités, il n'est pas présentement possible d'en rien dire : il faut remarquer spécialement que la structure en quanta ne se rapporte pas immédiatement à l'énergie, mais à la probabilité. On ne peut, d'une façon absolue, parler de quanta d'énergie que dans les phénomènes périodiques. Selon moi, on tiendra complètement compte de l'hypothèse des quanta si dans un oscillateur moléculaire à vibration périodique on regarde seulement l'émission de l'énergie comme gouvernée par les quanta, et au contraire l'absorption, tout au moins pour la chaleur rayonnante, comme parfaitement continue dans son allure. Pour les phénomènes non périodiques, A. Sommerfeld a récemment tracé les lignes fondamentales d'une théorie des quanta, très hardie et fort intéressante, et dans laquelle ne jouent naturellement un rôle que des quanta d'action sans quanta d'énergie. |
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