Lorsque nous entreprenons de construire une discipline donnée, nous distinguons, tout d'abord, un certain petit groupe d'expressions de cette discipline qui nous paraissent immédiatement compréhensibles ; les expressions de ce groupe nous les appelons les TERMES PRIMITIFS ou TERMES NON DÉFINIS, et nous les employons sans expliquer leur sens. En même temps nous adoptons ce principe : n'employer aucune autre expression de la discipline en question, à moins que son sens n'ait été d'abord déterminé à l'aide des termes primitifs et de telles expressions de cette discipline dont le sens a été expliqué au préalable. La proposition qui détermine de cette manière le sens d'un terme s'appelle une DÉFINITION, et les expressions elles-mêmes dont le sens a été déterminé prennent en conséquence le nom de TERMES DÉFINIS.
Nous procédons de façon semblable pour ce qui est des énoncés de la discipline en question. Certains de ces énoncés qui ont pour nous les apparences de l'évidence sont choisis pour ce qu'on appelle les ÉNONCÉS PRIMITIFS ou AXIOMES (souvent appelés aussi POSTULATS) ; nous les acceptons comme vrais sans établir en aucune façon leur validité. D'autre part, nous convenons de n'accepter n'importe quel autre énoncé pour vrai que si nous avons réussi à en établir la validité, et à n'employer pour ce faire, rien d'autre que les axiomes, les définitions et seulement les énoncés de cette discipline dont la validité a été établie antérieurement. Comme on le sait déjà très bien, les énoncés établis de cette façon s'appellent des ÉNONCÉS PROUVÉS ou des THÉORÈMES, et le procédé qui consiste à les établir s'appelle une PREUVE DE DÉMONSTRATION. Plus généralement, si dans le champ même de la logique ou des mathématiques nous établissons un énoncé en nous fondant sur d'autres énoncés, nous appelons ce procédé DÉRIVATION ou DÉDUCTION, et l'énoncé établi de cette façon se dit DÉRIVÉ ou DÉDUIT des autres énoncés ou se dit encore être leur CONSÉQUENCE.
La logique mathématique contemporaine est une de ces disciplines qui sont construites en conformité avec les principes que nous venons d'énoncer.
Alfred TARSKI, Introduction à la logique, 2e éd., 1969
Qu'est-ce, en effet, que l'invention mathématique ? Elle ne consiste pas à faire de nouvelles combinaisons avec des êtres mathématiques déjà connus. Cela, n'importe qui pourrait le faire, mais les combinaisons que l'on pourrait former ainsi seraient en nombre infini, et le plus grand nombre serait absolument dépourvu d'intérêt. Inventer, cela consiste précisément à ne pas construire les combinaisons inutiles et à construire celles qui sont utiles et qui ne sont qu'une infime minorité. Inventer, c'est discerner, c'est choisir.
Comment doit se faire ce choix, je l'ai expliqué ailleurs ; les faits mathématiques dignes d'être étudiés, ce sont ceux qui, par leur analogie avec d'autres faits, sont susceptibles de nous conduire à la connaissance d'une loi mathématique de la même façon que les faits expérimentaux nous conduisent à la connaissance d'une loi physique. Ce sont ceux qui nous révèlent des parentés insoupçonnées entre d'autres faits, connus depuis longtemps, mais qu'on croyait à tort étrangers les uns aux autres.
Parmi les combinaisons que l'on choisira, les plus fécondes seront souvent celles qui sont formées d'éléments empruntés à des domaines très éloignés ; et je ne veux pas dire qu'il suffise pour inventer de rapprocher des objets aussi disparates que possible ; la plupart des combinaisons qu'on formerait ainsi seraient entièrement stériles ; mais quelques unes d'entre elles, bien rares, sont les plus fécondes de toutes.
Inventer, je l'ai dit, c'est choisir ; mais ce mot n'est peut-être pas tout à fait juste, il fait penser à un acheteur à qui on présente un grand nombre d'échantillons et qui les examine l'un après l'autre de façon à faire son choix. Ici les échantillons seraient tellement nombreux qu'une vie entière ne suffirait pas pour les examiner. Ce n'est pas ainsi que les choses se passent. Les combinaisons stériles ne se présenteront même pas à l'esprit de l'inventeur. Dans le champ de sa conscience n'apparaîtront jamais que les combinaisons réellement utiles, et quelques autres qu'il rejettera, mais qui participent un peu des caractères des combinaisons utiles. Tout se passe comme si l'inventeur était un examinateur du deuxième degré qui n'aurait plus à interroger que les candidats déclarés admissibles après une première épreuve.
Henri POINCARÉ, L'Invention mathématique, 1908
HADAMARD : Essai sur la psychologie de l'invention dans le domaine mathématique, 1975 + POINCARÉ ...A reparaître
Cette étude, comme tout ce qu'on pourrait écrire sur l'invention en mathématiques, fut tout d'abord inspirée par la célèbre conférence d'Henri Poincaré à la Société de Psychologie à Paris. |
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Référence: 037
Qui ne soulèverait volontiers le voile qui nous cache l'avenir afin de jeter un coup d'œil sur les progrès de notre Science et les secrets de son développement ultérieur durant les siècles futurs ? Dans ce champ si fécond et si vaste de la Science mathématique, quels seront les buts particuliers que tenteront d'atteindre les guides de la pensée mathématique des générations futures ? Quelles seront, dans ce champ, les nouvelles vérités et les nouvelles méthodes découvertes par le siècle qui commence ? |
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Référence: 286
Il faudrait principalement s'attacher à donner quelques méthodes générales pour la solution d'un problème, suivant la manière de l'aborder, de le conduire au résultat, et de traduire cette dernière partie dans le langage de l'énoncé. C'est sans doute ce qu'il y aurait de plus difficile ; la multiplicité des moyens dont la Géométrie, dont l'Algèbre même peuvent se servir pour arriver au but proposé, la variété des questions, tout contribuerait à éloigner les méthodes générales ; mais on pourrait, il me semble, classer les problèmes suivant les ressemblances plus ou moins grandes de leurs moyens de solution, et l'on parviendrait peut-être, sinon à une méthode unique, du moins à un composé fini de moyens différents, que l'on pourrait regarder comme généraux vu leurs nombreuses applications |
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PETERSEN : Méthodes et théories pour la résolution des problèmes de constructions géométriques, 1880Plusieurs siècles avant l'ère chrétienne, la Géométrie était déjà arrivée à un très haut degré de développement. L'Algèbre qui lui a rendu plus tard de si grands services, avait progressé plus lentement ; aussi les anciens en étaient-ils à peu près exclusivement réduits aux méthodes géométriques pour résoudre les problèmes de construction et la solution de ces questions jouait-elle un rôle important dans leurs ouvrages.
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Référence: 049
A reparaître Bien que cet ouvrage réponde tout particulièrement aux exigences des élèves et des professeurs de mathématiques, il devrait aussi parler à l'esprit de tous ceux qu'intéresse l'étude des voies et moyens de l'invention et de la découverte. Ce genre d'intérêt est d'ailleurs plus répandu qu'on ne pourrait le penser au premier abord. La place que les journaux et revues populaires réservent aux mots croisés et autres énigmes semble prouver que bien des gens consacrent un certain temps à résoudre des problèmes sans intérêt pratique. Derrière ce désir de résoudre tel ou tel problème qui n'apporte aucun avantage matériel, il peut y avoir une curiosité plus profonde, un désir de comprendre les voies et moyens, les raisons et le processus de la solution. |
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Référence: 294
Cette étude sur les Mathématiques et le raisonnement plausible, que j'ai toujours considéré comme formant un tout, se divise naturellement en deux parties : L'Induction et l'Analogie en Mathématiques et Schèmes d'inférence "plausible". La première partie est entièrement indépendante de la seconde et je pense que beaucoup d'étudiants désireront en prendre connaissance complètement avant de passer à la seconde. Elle comporte la plus grande part de la « matière » mathématique de cet Ouvrage et fournit des « données » pour l'étude inductive de l'induction entreprise dans la seconde partie. Quelques lecteurs habitués aux subtilités des mathématiques, préféreront s'attaquer directement à la seconde partie. Pour faciliter les références, le numérotage des chapitres se poursuit sans interruption à travers les deux parties. Je n'ai pas donné d'index, car un index obligerait la terminologie à être plus rigide qu'il n'est désirable dans ce genre d'Ouvrage. Je crois que la table des matières constituera un guide satisfaisant. |
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Référence: 295
Avertissement Le but du présent Ouvrage est d'initier le lecteur à ce puissant courant de la pensée contemporaine qui s'est centré sur la logique mathématique. Ce courant a eu sa source dans le besoin d'établir les mathématiques sur une base solide ; mais, dans son état actuel, il doit viser des objectifs plus vastes, et, notamment, celui de créer un appareil conceptuel fournissant un fondement commun pour l'ensemble du savoir humain, et de perfectionner la méthode déductive qui, dans tout domaine de l'activité intellectuelle, est un instrument indispensable pour tirer des conclusions de suppositions préalables. |
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